Mon roman AYUB parle d’une initiation qui, par alchimie spirituelle, transforme un homme à peine formé en ce qu’il est vraiment dans son essence : en ce qu'il a le potentiel de devenir.
AYUB est le résultat tangible d’une expérience d’écriture initiatique, qui m’a fait symboliquement et spirituellement naître à moi-même. Je l’ai écrit dans l’espoir qu’il soit pour ses lecteurs non seulement une lecture originale, mais aussi une expérience potentiellement transformative.
Nous vivons dans une société résolument matérialiste et avons négligé, à notre détriment, l’importance de notre inconscient, l’athanor (le four des transformations alchimiques) où naissent et se développent nos émotions et motivations les plus puissantes.
J’ai vécu les années de mon initiation, durant lesquelles j’ai écrit AYUB, au contact d’anciens textes et images alchimiques et mystiques, qui m’ont donné accès à cet autre langage, celui des rêves et de l’inconscient, celui de notre être le plus profond, celui de l’éternel humain.
Parmi les nombreux textes et documents que j’ai étudiés en profondeur, les images du "Rosarium Philosophorum" et du "Splendor Solis" ainsi que le texte de La Divine Comédie de Dante ont joué un rôle particulièrement important dans mon initiation.
Le Rosarium Philosophorum - Le Rosaire des Philosophes |
AYUB a une place très particulière dans ma production littéraire ainsi que dans ma vie. Il a beau être en surface fictionnel, il est vrai en profondeur. Tous mes autres écrits sont liés à lui. Il est la racine de tout, l’expression la plus épurée de ce que mon initiation spirituelle m’a révélée. C’est le livre qui m’a donné naissance une seconde fois.
Mon travail d’écrivain a toujours été lié à ma quête spirituelle, ma quête d’un sens à la vie et à la condition humaine. Déjà mes histoires pour jeunes adolescents, publiées par l’éditeur anglais Hodder & Stoughton, et mon premier roman inédit, Aux Portes de la Nuit, avaient cette dimension mais encore en ébauche.
Le déclic qui déclencha en moi la nécessité d’écrire AYUB se passa lorsque des amis perdirent leur fils de 25 ans dans un épouvantable accident de moto. Je fus aux premières loges de leur souffrance et de leur désespoir face à l’horreur et à l’absurdité de leur perte. Je n’avais que 30 ans. Lorsque le père du jeune homme défunt me demanda alors que nous veillions son fils: « quel est le sens de ce cauchemar ? », je ne pus que lui répondre que je n’en voyais aucun. Un an après ce grand malheur, et souffrant de dépression, je compris qu’il m’allait falloir trouver un sens à la vie pour pouvoir continuer à vivre et peut-être pour pouvoir aider d’autres personnes égarées autour de moi.
Ainsi commença un intense travail de dix ans, sept années de quête dont trois années à écrire AYUB ainsi que trois ans de plus à l'alléger et à le peaufiner, car sa première version était plus proche d'une thèse que d'un roman !
L'égarement de Dante dans la forêt profonde au début de La Divine Comédie |
AYUB ou le fruit d'une quête spirituelle.
C’est à partir d’une table rase, après le rejet de la religion dans laquelle j’avais été élevée, que ma recherche spirituelle a démarré : j’avais eu la chance d’acquérir, grâce à cette éducation religieuse, les connaissances de base et le langage nécessaires pour oser me lancer dans ce travail en solitaire. Mes études de littérature ont elles aussi été un atout.
J’avais lu quelque part que la différence entre un franc-maçon, ou un religieux, et un alchimiste venait du fait que les deux premiers progressaient spirituellement au sein de leur communauté et à travers un rituel, alors que le dernier travaillait seul dans l’ombre de son laboratoire et ne progressait que par ses erreurs et son travail. Je me suis immédiatement identifiée dans le rôle de l’alchimiste : je savais que mon initiation serait solitaire, que mon travail serait sur mon livre (et bien sûr moi-même) et que mes maîtres seraient les écrits de grands initiés disparus.
Je lus énormément, comme je le fais toujours (je venais de finir mon doctorat et une formation universitaire ne s'oublie jamais !), mais cette fois-ci ce n'était plus juste de la recherche factuelle, c'était une quête personnelle : chaque lecture était non seulement analysée mais aussi digérée et vécue. Je dévorai les grands textes des traditions mystiques des trois religions du Livre – le soufisme, le gnosticisme, la Cabbale, et bien sûr l'alchimie –, mais aussi du bouddhisme. Je ne gardais en moi que les pépites qui me nourrissaient et dont le sens me parlait.
Bientôt je commençai à identifier des liens lumineux entre les livres que je lisais, entre les différentes traditions spirituelles humaines. Je voyais en filigrane de notre extraordinaire diversité une profonde unité qui nous reliait tous.
Le mouvement en spirale de la structure d’AYUB a été inspiré par le "Rosarium Philosophorum", qui m'a immédiatement parlé d'involution et d'évolution de l'esprit dans la matière : cette danse sublime entre la matière et son potentiel spirituel.
Je me suis aussi plongée dans la beauté étrange d’autres dessins alchimiques, mettant ceux qui me parlaient le plus sur mon mur, et vivant avec eux jusqu'à ce qu'ils se révèlent à moi. J'ai lu avec passion des textes d'alchimie spirituelle, dont le style obscur et l'atmosphère onirique m'ont profondément affectée. La Divine Comédie de Dante a eu sur moi un effet semblable, puissant et transformateur. J'ai eu le sentiment que mon esprit s'élargissait, j'ai senti des portes s'ouvrir en moi et un flot a pu passer entre mon inconscient au langage ésotérique et alchimique et mon conscient rationnel. Grâce à cette métamorphose en moi, écrire AYUB n'a pas été pour moi une expérience normale et ma façon d’écrire en a été depuis transformée.
L'écriture des épreuves à la fin de chacune des quatre parties du livre a été pour moi une expérience quasi visionnaire, précédée à chaque fois par une impossibilité de continuer à écrire le livre, une période de questionnements et de doutes pénibles accompagnés de douleurs physiques, jusqu'au jour où, sans prévenir, je pouvais enfin m’asseoir à mon ordinateur et écrire chaque épreuve d'une traite, leurs images s'imposant clairement à moi, comme si j'étais guidée.
Ces épisodes visionnaires sont des moments où le roman qui parle du monde de nos jours se met à décrire celui, trop souvent ignoré, de nos nuits. Les rêves et les épreuves sont, pour moi, les passages réellement initiatiques du livre car le lecteur doit renoncer à son intellect pour accepter de se plonger dans l'océan de l'inconscient, là où nous pouvons tous toucher à l'universel, à l'humain éternel et nous transformer. C'est là où je peux enfin sortir du carcan rigide de la réalité matérielle des mots et des images familières qui leur sont attachées, afin d’entraîner le lecteur dans une autre dimension, où la réalité est autre.
Quelques conseils de lecture :
C'est ici où je me permettrai de donner à mes chers lecteurs quelques conseils de lecture. Je leur demande de suspendre leur intellect lié au monde matérialiste dans lequel nos vivons et de s'en remettre plus à leur ressenti, à leur imagination; de se laisser prendre par la magie de l'histoire et des images décrites, car ces passages parlent à leur inconscient plutôt qu'à leur conscient.
La lecture est de toute façon un précieux exercice pour notre inconscient car nous recréons toujours l'histoire que nous lisons dans nos têtes avec notre propre vécu et nos propres expériences. Mais en général, les histoires pour adultes que nous lisons sont racontées de façon réaliste, même lorsqu'il s'agit de science fiction ou de fantasy.
Le monde décrit dans les passages visionnaires de AYUB est autre. Il est né du plus profond de mon inconscient et s'adresse à l'inconscient de mes lecteurs. C'était déjà le cas dans ma trilogie Les Maîtres de l'Orage, où le monde souterrain de l'Île Verte est le monde de l'inconscient, où les règles et lois de nos jours sont suspendues pour laisser place aux étrangetés pleines de sens qui emplissent nos nuits. C'est un monde que mes ancêtres bretons (et bien d'autres partout sur Terre) reconnaissaient et appelaient "l'Autre Monde".
J’espère de tout cœur que ces épisodes initiatiques pourront encourager mes lecteurs à se lancer dans leur propre aventure initiatique ; une aventure ouverte à tout humain qui est prêt à s’y essayer.
Dans le roman, même si Danny, un lambda comme nous tous, n’est pas un grand initié (peu d’entre nous peuvent accéder à cet état), il est un néophyte en quête de sens, comme tout humain peut le devenir. On pourrait dire, en termes d’alchimie spirituelle, que sa prima materia, son grand-œuvre et sa pierre philosophale sont à découvrir et à créer au fond de lui.
Le point de départ de la quête est au fond de chacun d’entre nous.
À bientôt, chers amis, et bonne lecture !
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La bande-annonce de AYUB sur Youtube: